En 1982, j'écrivais une histoire qui avait comme objectif premier de faire comprendre aux adultes qui m'entouraient, que le vrai but de la vie était la mort. J'avais 12 ans. C'est à l'âge de 37 ans pourtant que j'ai compris à quel point la mort était la source première de la vie et à quel point aussi, je devais lui faire face pour apprendre à exister vraiment.

samedi 8 mars 2008

L’art pour plonger à l’intérieur de nous-mêmes

« Il ne faut cesser de s’enfoncer dans sa nuit : c’est alors que brusquement la lumière se fait ».
Francis Ponge, poète français, 1899-1988

On se répète inlassablement que la vie est fragile, qu’elle ne tient qu’à un fil et qu’il faut savourer chacune des minutes qui nous sont offertes. Pourtant, bien souvent, nous sommes incapable de l’apprécier vraiment, car nous nous camouflons derrière un masque. Celui-ci correspond à la vision que nous voulons montrer, mais ressemble peu à qui nous sommes vraiment.

C’est ainsi que, chaque jour, nous choisissons de montrer des parcelles de notre être dans l’espoir d’être aimé, apprécié et choisi. Malheureusement, dans cette noble quête, nous oublions que le plus grand défi de l’existence est d’apprendre à s’aimer soi-même. Se regarder sans se reconnaître, c’est douloureux. Être aimé pour ce que nous ne sommes pas, c’est étouffant et cette mascarade peut nous détruire tout en démolissant ceux qui nous entourent.

L’art a ce pouvoir magique de nous mettre en contact avec notre âme. Notre essence. C’est difficile de mentir lorsque l’inconscient guide notre main et choisit les couleurs à notre place.

Je suis convaincue que le dessin et la peinture m’ont aidée à passer au travers de ma crise d’adolescence. Entre moi et la toile, il y avait une lumière. La mienne. Certains jours, les couleurs étaient délavées, les zones d’ombres plus nombreuses et les coups de pinceaux saccadés. Peu importe où le rythme de mes gestes m’ont amené, une chose est sûre : en peignant, j’étais incapable de feindre. La douleur, les complexes, les peurs, tout était là. J’ai barbouillé des toiles avec ma colère et j’ai sali des canevas avec mes larmes. Je me suis reconnue dans le rouge et le jaune et je me suis perdue dans le mauve et le vert. J’ai créé des images et j’ai appris à avoir confiance en moi.

Encore aujourd’hui, ces moments où je savoure la vie en m’isolant avec mes couleurs sont des fontaines où je puise l’énergie nécessaire pour affronter les défis quotidiens.

L’art nous permet d’oublier les opinons des autres, d’abolir nos propres frontières et de plonger dans notre intérieur. Il faut de l’audace et une bonne dose d’impétuosité, mais au bout de l’aventure, nous pouvons apprendre à nous aimer. Après, c’est possible de partager notre lumière. La vraie.

Il m’arrive encore de sourire au lieu de pleurer et de dire aux autres que je vais bien quand tout en moi s’écroule, mais lorsque que j’entre chez moi, la femme qui me regarde me brosser les dents est la même qui m’a vu appliquer mon rouge à lèvres.

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