En 1982, j'écrivais une histoire qui avait comme objectif premier de faire comprendre aux adultes qui m'entouraient, que le vrai but de la vie était la mort. J'avais 12 ans. C'est à l'âge de 37 ans pourtant que j'ai compris à quel point la mort était la source première de la vie et à quel point aussi, je devais lui faire face pour apprendre à exister vraiment.

samedi 8 mars 2008

L’art pour se laisser guider par son instinct

« Si l’on sait exactement ce qu’on va faire, à quoi bon le faire ? ».
Pablo Picasso, artiste espagnol, 1881-1973

J’avais à peine 10 ans lorsque j’ai réalisé que mon passage sur la planète serait éphémère. Le décès précipité de mes grands-parents, tout en remplissant mon cœur de fillette de tristesse, m’a permis d’acquérir une certitude : la vie est courte.

Au lieu de me faire peur, cette réalité m’a remplie d’énergie. Dès lors, j’ai été habitée par l’urgence d’agir. Je devais vivre ! Aujourd’hui, là, tout de suite… Profiter du présent, ne pas m’inventer de scénarios pour l’avenir et faire la paix avec mon passé.

Aujourd’hui encore, je suis convaincue que mourir est l’un des plus beaux cadeaux que l’existence nous offre. C’est parce que la vie est si fragile qu’il faut faire en sorte que chaque journée compte. C’est parce qu’elle est si imprévisible qu’il faut semer des sourires, éviter les querelles inutiles et, surtout, pardonner à nous et aux autres les événements qui nous font douter que la vie soit belle. C’est la précarité de mon existence qui me motive à m’investir dans des causes plus grandes que moi et c’est la conviction que chacun de mes pas laisse des traces dans la vie des autres qui m’incite à avancer.

Je plonge dans mes souvenirs et j’essaie de retrouver des événements où l’hésitation a pris le dessus sur mon élan et je ne trouve pas. Pourtant, je pense qu’il est important de prendre le temps de mesurer l’ampleur de nos actions, mais mon essence me dit que, instinctivement, je sais ce qui est bon pour moi. Si je suis suffisamment honnête envers moi-même et si je laisse ma petite voix intérieure me guider, je serai toujours sur la bonne route.

En ce sens, la création artistique me permet de prendre du recul face à une situation et m’aide ainsi à voir plus clair. Une chose est sûre, jamais je ne saurai l’issue de l’avenue non empruntée, alors inutile d’empoisonner mon présent de si j’avais complètement vides de conséquences. Mon truc à moi, lorsque je ne suis pas certaine de la voie à suivre : je prends le temps de méditer, de dormir sur une hésitation s’il le faut, de la peindre, de l’écrire aussi, mais jamais je ne m’abstiendrai d’agir par peur du pire… Car le pire, selon moi, c’est le bonheur qui se sauve, tanné d’attendre après le résultat de mon analyse.

J’ignore où je serai demain, mais une chose est sûre : si la lumière de la mort venait m’aspirer, j’aurais la certitude d’avoir existé.

Aucun commentaire: